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La poule pond
4 juin 2019

À la page d'hier...

Suis allé à la jardinerie, ai acheté un pot de basilic.

La caissière ne peut s'empêcher de remarquer : « Le basilic, cette odeur, j'adore, ça me donne envie de tomates et de mozarella. »

Devais aller ensuite acheter des suppos à la pharmacie, ai renoncé, ai eu peur des associations d'idées de la préparatrice.

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1 juillet 2019

No thermometer

Suis sous les noisetiers. Pas soûl. Juste en dessous. « Les noisetiers » ? Oui, pluriel, parce qu’ils sont deux. Un vert et un rouge. On dirait le début d’une histoire de Toto qui veut acheter un perroquet.


Suis sous les noisetiers. La pluie tombe sur la frondaison épaisse. Grosses gouttes. Les noisetiers sont sous la pluie et je suis sous les noisetiers. Allongé dans un transat orange posé sur l’herbe vert-jaune, je noircis une page blanche à l’encre violette sous la pluie dont deux noisetiers, l’un vert et l’autre rouge, me protègent.


La canicule est passée ; les chiens aboient ; le coq chante et le merle siffle ; les deux gros pigeons battent bruyamment l’air redevenu frais de leurs larges ailes.
Sur les feuilles, les gouttes de pluie tambourinent ; dans le lointain un train s’éloigne. La canicule est passée, emportée par le train.


Vendredi matin, alors que je donnais un cours de français sur les systèmes de mesures à une petite poignée de demandeurs d’asile, Hussein me fait remarquer :

— Longueurs, ça va ;  poids, ça va ; les heures, ça va ;  surfaces, volumes, ça va, I understand. Mais thermometer ? Pas comprendre. Soudan, pas thermometer... Soudan, toujours chaud. Here, thermometer, beaucoup chaud, un peu chaud, froid. Don’t understand, pourquoi thermometer ?


Je me demande si Hussein ne soupçonne pas l’instrument de commander le temps qu’il fait.
— Au Soudan, toujours chaud, no thermometer.


Au-delà de l’aspect surréaliste, en l’écoutant, je réalise combien l’importance qu’on donne à cet instrument est inversement proportionnelle à celle de l’information qu’il délivre. « Beaucoup chaud, un peu chaud, froid. »


Je me suis demandé comment faire passer le concept « d’inversement proportionnel » et puis comme il faisait déjà 28,3 degrés dans la salle de cours et 32,6 dehors, j’ai, assez malignement, sorti un thermos de thé glacé gradué en centilitres.
— On va réviser les capacités, et après on trinque.
6 juin 2019

LES POUCES

Un jardin public semblable à mille autres et, sous de grands marronniers aux branches nues, trois bancs. Trois bancs scellés au sol. Sur l'un, une petite fille, une très petite fille, emmitouflée dans un blouson rose trop grand pour elle. Un bonnet de laine grise sur la tête ; des cheveux blonds au vent, légèrement frisottés, à peine. Aux pieds, des bottes de pluie en plastique, très usées, jadis des grenouilles vertes peintes sur les côtés des bottes, aujourd'hui plus rien, que des traces, comme des griffures. Semelles orange, lisses, peut-être trouées au talon, ou salies. Quel âge cette petite fille ? Vraiment très jeune. Cinq ans, peut-être, très jeune, plus un bébé ; une enfant de maternelle seule sur son banc. Attente morne. Jeu de ses doigts avec les pompons de l'écharpe autour de sa gorge. Petites jambes, ses pieds loin du sol, la semelle usée de ses bottes exposée aux regards. Doigts fins mêlés aux pompons de l'écharpe. Regard vide,

 

Sur le deuxième banc, une femme assise, concentrée sur son téléphone portable. Quelle vélocité ses pouces ! Comme une danse. Enfin, le vieux monsieur du troisième banc comme hypnotisé par la virtuosité. Ses doigts à lui, si gourds, douloureux, aux jointures enflées. Tout à l'heure, devant la porte de son appartement, quelles difficultés avec la clé ; le trou de la serrure, si petit. Pas grave, pas le moment, chaque chose en son temps. Pour l'instant, jouissance du spectacle de ce tricot aérien. Fascination. Un tricot de vent, sans aiguilles, sans laine, juste des pouces et du vent, et cette sarabande,

 

Trois personnes, trois bancs. Qui le premier sous les marronniers ? Sans importance. Au début de l'histoire trois personnes assises. Aucun passé. Trois bancs, trois personnes. Naissance du récit. Fin tragique dans peu de temps. Pourquoi tragique ? Bah, à narrateur omnipotent, tous les pouvoirs. La fillette ? Blonde ? Son choix. Un changement ? Facile. Hop ! Fillette à la peau noire comme l'ébène ; soleil magnifique du cœur de l'été. Facile pour la plume de l'écrivain. Aucune importance la nature des cheveux d'une fillette assise sur un banc. Ni la couleur de sa peau.

 

La femme ? Enceinte jusqu'au cou, tête nue, longs cheveux pas très propres, mèches lourdes, pesantes. Et la danse de ses pouces. Jolie femme ? Peut-être, peut-être pas. Tête basse, cheveux dans le visage : réponse impossible. En revanche, enceinte. La main au feu ! Un enfant pour bientôt, peut-être des jumeaux ?

 

Pas pour le vieux monsieur. Personne pour lui. Voilà l'intention de l'auteur : un parallèle entre la femme en attente d'un enfant et le vieux monsieur solitaire, sans attente, sans espoir. Sinon, bien sûr, enceinte ou pas, quel intérêt pour le lecteur.

 

Regards du vieux sur la petite fille et la jeune femme. Jeune, oui, irrévocable décision. Privilège de la jeunesse cette attente, ce gros ventre, cet événement — euphémisme toujours en usage. Son œil de l'une à l'autre. Regard flou. Quelle saleté sur les verres de ses lunettes ! Oui, et alors ? Autrefois non, avec son épouse et sa peau de chamois, jamais une trace sur les verres, jamais. La peau de chamois ? Oui, dans le tiroir du buffet aujourd'hui, à portée de main, enfin à portée d'une main volontaire. Son épouse ? Morte, bien morte son épouse, à jamais. Fada, gâteux, lui ? Non, sa raison toujours nette, mais les lunettes, dernier de ses soucis. Crades ou pas crades, pas de peau de chamois. Doigts trop gourds. Hé, ses lunettes par terre, belle frayeur. Plus jamais. Non, tant pis pour les traces, vue un peu floue, un peu. L'habitude.

 

Les pouces de la jeune femme enceinte sur l'écran du téléphone. Les doigts de la petite fille avec les pompons, dans un sens, dans l'autre. Ses mains, à lui, sur ses genoux. Les siennes. Celles du vieux monsieur. Naguère, mains croisées, la ronde de ses pouces. Oh, cette ronde, horloge du temps perdu. Finie la ronde, finie, Impossible, trop douloureuse. Ou trop de fatigue, d'à quoi bon. Après-demain plus mal aux mains, plus mal au dos, plus mal aux reins : la mort pour dernière compagne. Les douleurs, eh bien, des preuves de vie, pour un temps encore,

 

La jeune femme enceinte toujours active, ses pouces en transe. La fillette et ses pompons. Le vieux monsieur dans les bras de Morphée. La sieste des vieux, comme ça. À son réveil, toujours trois bancs dans le square. Deux vides. Plus de petite fille ni de jeune femme enceinte. Un couple d'amoureux à la place de l'une ou de l'autre ? Même pas. Des adolescents criards à califourchon sur le dossier d'un des deux bancs ? Non plus, Un clochard las, son baluchon dans des sacs en plastique ? Pas aujourd'hui, rien de tout cela.

 

À son départ, pour bientôt, dans le square désert juste trois bancs. Scellés. Ou pas. Information sans aucune incidence sur l'histoire. D'ailleurs pourquoi pas des chaises ? Des chaises ? Ami narrateur, des chaises pour la même histoire. Ou des tabourets. Non, pas des tabourets. Pas dans un jardin public. Un peu de crédibilité. Des troncs d'arbres ? Oui. Des troncs d'arbres, bon choix dans cette histoire. Ou des pierres. Des blocs de béton, pas mal ça, des blocs de béton. Bon, froids et un peu durs aux fesses. Mais modernes, résolument modernes.

 

Enfin ! Bancs, troncs, rochers ou blocs de béton... prétextes ! En route vers son appartement, le vieux. Marche lente, prudente. Patience. Ah, un bruit de clé contre le métal d'une serrure. Une clé, une serrure, l'une dans l'autre, main engourdie, tremblements, hésitations, succès. Pour cette fois encore, succès.

 

Voilà ! Un vieux monsieur chez lui, au chaud !

Bon, eh bien alors... RIDEAU !

15 avril 2019

... à l'heure où blanchit la campagne...


le coq
Ce matin, j'ai entendu chanter un coq.

13 juin 2019

Premier auteur en résidence : Ch*** avec « Le loup, l'ours et la lune »

le nours

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20 juin 2019

Second auteur en résidence : Al*** avec Histoire de musée

résidence al

2 avril 2019

Nouvelles du front


front

24 juin 2019

3e auteure en résidence, Michèle : « Le hêtre »

hêtre

7 juin 2019

Citation (1)

Comment l'amour vint au monde, un album jeunesse écrit par Jean-Pierre Kerloc'h.


« Ils partagèrent un long baiser. Et ils partirent en voyage à deux jusqu'au bout de la Nuit. »

29 juin 2019

Bram Stoker

 May 5. Jonathan Harker’s Journal.


“I am all in a sea of wonders. I doubt; I fear; I think strange things, which I dare not confess to my own soul.” 

8 juin 2019

Citation (2)

Jean Aicard, in Maurin des Maures, chapitre XXXVIII.

« Quand l'ermite les eut laissés seuls et se fut allé coucher, les  deux amants se répétèrent à loisir ce qu'ils s'étaient déjà dit. »

11 juillet 2019

Citation (4)

Boris Vian, in L'Herbe rouge.

— Tu sens bon, Folle, dit-il. J'aime ton parfum.

— Je n'en mets pas, répondit Folavril.

18 juin 2019

Citation (3)

Un album jeunesse d'Anne Lauricella-Izou, Le Secret de l'Oranger

« Ali et Nourou se murmurent longuement

Les mots qui font d'eux des amants. »

5 juillet 2019

Ziiiiip

Je marchais tout nu sur le fil d'un grand couteau à découper le rôti posé entre les deux parois d'un profond canyon.

— Mets au moins des chaussures, me conseille Michèle.

Je me suis déconcentré, j'ai perdu l'équilibre et je suis tombé jambes écartées sur la lame affutée.

13 juillet 2019

« Je vous en prie. »

À force de s'effacer devant tout le monde, il finit par disparaître. Son souvenir en même temps que lui. Il resta bien quelques chiures de gomme  mais les agents de nettoyage eurent tôt fait de tout aspirer.

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