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La poule pond
1 juillet 2019

No thermometer

Suis sous les noisetiers. Pas soûl. Juste en dessous. « Les noisetiers » ? Oui, pluriel, parce qu’ils sont deux. Un vert et un rouge. On dirait le début d’une histoire de Toto qui veut acheter un perroquet.


Suis sous les noisetiers. La pluie tombe sur la frondaison épaisse. Grosses gouttes. Les noisetiers sont sous la pluie et je suis sous les noisetiers. Allongé dans un transat orange posé sur l’herbe vert-jaune, je noircis une page blanche à l’encre violette sous la pluie dont deux noisetiers, l’un vert et l’autre rouge, me protègent.


La canicule est passée ; les chiens aboient ; le coq chante et le merle siffle ; les deux gros pigeons battent bruyamment l’air redevenu frais de leurs larges ailes.
Sur les feuilles, les gouttes de pluie tambourinent ; dans le lointain un train s’éloigne. La canicule est passée, emportée par le train.


Vendredi matin, alors que je donnais un cours de français sur les systèmes de mesures à une petite poignée de demandeurs d’asile, Hussein me fait remarquer :

— Longueurs, ça va ;  poids, ça va ; les heures, ça va ;  surfaces, volumes, ça va, I understand. Mais thermometer ? Pas comprendre. Soudan, pas thermometer... Soudan, toujours chaud. Here, thermometer, beaucoup chaud, un peu chaud, froid. Don’t understand, pourquoi thermometer ?


Je me demande si Hussein ne soupçonne pas l’instrument de commander le temps qu’il fait.
— Au Soudan, toujours chaud, no thermometer.


Au-delà de l’aspect surréaliste, en l’écoutant, je réalise combien l’importance qu’on donne à cet instrument est inversement proportionnelle à celle de l’information qu’il délivre. « Beaucoup chaud, un peu chaud, froid. »


Je me suis demandé comment faire passer le concept « d’inversement proportionnel » et puis comme il faisait déjà 28,3 degrés dans la salle de cours et 32,6 dehors, j’ai, assez malignement, sorti un thermos de thé glacé gradué en centilitres.
— On va réviser les capacités, et après on trinque.
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