Dictée
Sinon, j’aurais fait une faute à glycine ; à 14 ans j’ignorais et le mot et la chose ; cette liane était inconnue dans mon quartier. Peut-être aurais-je écrit comme piscine ?
Sinon encore, des imparfaits, peu d’homophones (attraper/attrapé ; bouché/boucher ; rouillées/rouiller ; bondir/bondirent ; rempli/ remplit ; endormis/endormit ; la/là) et pas mal de marques du pluriel. Du vocabulaire élémentaire (chat, jardin, maison, école, rue, place, eau, fontaine, pluie, jet d’eau, bassin), deux mots plus difficiles : champ, (oui champ, tant d’écoliers sont tentés d’écrire champs même au singulier, par contagion avec temps sans doute) et ras bord (trait d’union, ou pas... ras ou rat, voire raz), trois peut-être avec station. L’accent grave de poussièreuse, qu’on entend mieux au féminin qu’au masculin. Bref, suffisamment de petites choses glissées ici ou là pour exiger de la concentration. Les dictées d’entraînement ont dû, bien souvent, cacher plus de pièges. N’empêche, celui qui aura fait zéro faute pourra se montrer fier. Albert Camus, quand même, et glycine !
Je me rappelle cette anecdocte rapportée par Jules Renard lui-même. Jules Renard, mort jeune, et dans la prose duquel les institueurs de jadis tiraient, de son vivant, des dictées à donner aux écoliers.
Un de ces élèves, ignorant qu’au salon de son père se trouvait précisément ce Jules Renard chez qui on avait extrait quelques lignes pour sa dictée du jour, qui sourit et déclare à peu ceci :
« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! » Il voulait dire que les dictées de Renard ne cachaient guère de pièges. Moi qui ai nommé ce blog “la poule pond”, j’aurais pris cela comme un compliment.