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La poule pond
22 avril 2019

Pause

Je mets ce blog en pause. Merci à Valérie qui a encouragé mon come-back dès mon premier billet et qui n'en a manqué aucun, merci à Clélia qui a voulu savoir qui était cet oiseau qui commentait chez Valérie et merci à Walrus qui a trouvé le temps de venir jeter un œil à l'invitation lancée avec plaisir et gentillesse par Valérie sur son blog. Encore merci à tous les trois.

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19 avril 2019

Zone de confort

Il n'était bien qu'à son bureau, un tout petit espace d'à peine deux mètres carrés, dans un renfoncement du couloir. Au-delà, il n'était plus lui : il se dispersait. Entendez que son corps se dispersait et que toute son attention était accaparée par le souci qu'il avait d'éviter de perdre des organes ; parce que, les remettre en place ou les reconstituer une fois revenu dans sa zone de confort lui prenait un temps infini.

 

Certains d'ailleurs, dispersés et jamais rattrappés, n'avaient pu être refaits à l'identique.

Il y avait des manques dans son anatomie ;

des trous, par-ci, par-là, comblés avec du papier mâché ;

des membres retenus par du ruban adhésif ;

des phalanges de substitution ;

des organes déconnectés de leur système respectif ;

un canal grand ouvert qui vomissait sa bile dans le néant ;

presque plus d'intestins ;

un côlon en voie sans issue ;

des dents en moins ;

des articulations inversées ;

une peau recousue à gros points malhabiles qui laissaient voir les os repeints et les muscles agrafés ;

un cœur suspendu par des bretelles à boutons dans une cage thoracique rafistolée de grillage à poules ;

une vessie perméable ;

des sphincters qui jouaient à contretemps ;

une robinetterie soudée à la diable à la colle Scotch qui faisait un bruit d'enfer ;

le sang partait de l'oreillette et ne revenait plus au ventricule ;

le cœur ne battait plus, il expirait ;

ses poumons saignaient et son foie salivait ;

il avait un œil bleu et un autre marron, le marron n'était pas à lui, il l'avait trouvé, personne ne l'avait réclamé, comme il n'en avait plus qu'un, il l'avait gardé, en attendant ;

ses vertèbres étaient numérotées afin de pouvoir sans trop se tromper les remettre en place après chaque évasion, le numéro treize manquait mais il possédait deux numéro neuf, il s'en accommodait ;

sa mâchoire ne se fermait encore que grâce à des élastiques à cornichons (personne ne savait plus d'où ils venaient, il y avait belle lurette que les cornichons n'étaient plus vendus avec des élastiques, ou alors c'étaient des élastiques à confiture, allez savoir) ;

il n'avait plus guère de mémoire ;

plus de moelle épinière ;

plus de nerfs ;

une petite dynamo hors d'âge, de fabrication soviétique, actionnée de la main gauche lui permettait de soulever les paupières et de bouger les lèvres ;

son crâne était vide, ou du moins rempli de coton hydrophile régulièrement regarni par les oreilles, du coup, il était quasiment sourd ;

ses cordes vocales s'effritaient quand il disait bonjour ou bonsoir ;

sa langue était encore souple, agile, d'origine, il s'en servait pour compter les trous dans ses mâchoires ;

en fait, il avait bien encore son cerveau mais il ne sortait plus avec, trop dangereux ! celui-ci baignait dans le formol, un faisceau de câbles de toutes les couleurs dépassait du couvercle du bocal ( un copain électricien lui avait bidouillé le bazar qu'il connectait à une unique prise DIN d'un autre âge qu'il avait épinglée sous le sein gauche) ;

un autre réseau de fils courait le long de son squelette, certains retenus par un lien en plastique transparent, d'autres enroulés autour d'un os long et parfois, tout simplement, comme ça, en vadrouille, mais ça marchait, un peu, ça faisait illusion ;

qu'attendait-il ? mourir ? il aurait bien voulu, mais il avait appris, Oscar, tout petit, que quand on est mort ce n'est jamais pour longtemps, du moins c'est ce qu'il croyait avoir entendu, il n'avait jamais été un très bon élève, s'il avait mieux écouté ses parents, ses professeurs, il habiterait ailleurs que sur un palier entre une salle de cours de sciences naturelles et un labo de physique ;

alors il assurait sa maintenance tout seul et il redoutait d'être appelé hors de sa zone de confort.

 

Il ignorait qu'on allait l'appeler de moins en moins souvent : des parents s'étaient plaints, il faisait peur aux enfants.

16 avril 2019

Réversible

elle et lui

 

 

LUI : Je peux t'étrangler ?

ELLE : Oh, ce n'est  pas gentil, ça ! Tu en as assez de moi ?

LUI  : Non, mais je ne peux pas te faire l'amour tous les matins. Je t'abîmerais.

ELLE : Ah ! parce que si tu m'étrangles... ?

LUI : Tu veux bien ?

ELLE : Tu n'iras pas jusqu'au bout !

LUI : Parce que tu veux dire que je ne vais pas jusqu'au bout d'habitude ?

ELLE : Ah, ah, ah, ah, ah !

 

 

 

 

ELLE : Je peux t'étrangler ?

LUI  : Oh, c'est gentil, ça ! Tu en as assez de moi ?

ELLE : Non, mais je ne peux pas te faire l'amour tous les matins. Je t'abîmerais.

LUI : Ah ! parce que si tu m'étrangles... ?

ELLE  : Tu veux bien ?

LUI : Tu n'iras pas jusqu'au bout !

ELLE : Parce que tu veux dire que je ne vais pas jusqu'au bout d'habitude ?

LUI : Essayons encore une fois, pour voir.

15 avril 2019

... à l'heure où blanchit la campagne...


le coq
Ce matin, j'ai entendu chanter un coq.

14 avril 2019

Points de suspension

Il ouvre un œil.

Le jour est levé.

Il tend la main vers la table de nuit où reposent ses lunettes.

Erreur, il ne porte pas de lunettes, il n'en a jamais porté. Comment peut-on tendre la main vers des lunettes qu'on n'a jamais achetées ni même imaginé qu'on porterait un jour ? Sans que jamais on n'ait consulté un médecin ? Il ne tend pas la main vers des lunettes qu'il ne possède pas.

Il est jeune, il a douze dixièmes à chaque œil.

Il n'enfile pas ses pantoufles en quittant le lit, il bondit hors du lit, hors de la chambre, pieds nus, d'ailleurs il est nu, comme Mercure, et comme Mercure il a des ailes aux chevilles.

Il ne descend pas les escaliers... il est déjà au bas des marches.

Ses cheveux ruissellent... il a pris une douche entre le moment où il est sorti de la chambre et celui où il s'est retrouvé au bas des marches.

Il n'a pas ceint ses reins d'une serviette... une serviette est venue lui ceindre les reins.

Le café fume dans un bol grand comme un saladier de forgeron.

Le frigo s'ouvre avant qu'il n'y pose la main, le beurre encore enveloppé de son papier doré en jaillit, dessine une parabole géométriquement parfaite et retombe en pluie exactement sur la baguette coupée en deux du haut en bas, ouverte et apparue instantanément sur la table de la cuisine. Le beurre s'étale tout seul, crémeux, onctueux. Ce n'est pas une tartine de beurre... c'est la quintessence de la tartine beurrée. L'emballage doré se plie, se replie, se déplie, prend la forme d'une grue du Japon qui s'envole par la fenêtre ouverte. La grue pousse un cri de grue. À mesure qu'elle s'éloigne, les toits des maisons qu'elle survole se couvrent de tuiles vernissées qui font comme des écailles sur l'échine d'un dragon assoupi.

Il ne boit pas son café, ne mange pas sa baguette beurrée... son café est bu, sa baguette mangée.

Tout lui sourit.

Comme la veille, l'avant-veille, l'avant-avant-veille et tous les jours qui ont précédé.

Petit, sa marraine lui offrait-elle un puzzle qu'il jetait la boîte en l'air et que tous les morceaux retombaient exactement emboîtés, exactement semblables à l'image peinte sur le couvercle de la boîte. Cent pièces. Cinq cents pièces. Milles pièces. Chaque fois, tout s'assemblait. Les puzzles de mille pièces formant une image différente à chaque lancer : Pélerinage à l'île de Cythère, Portrait de Dora Maar, La Naissance de Vénus, la Dentellière, Nu à Contre-Jour, Eroica II, Le Cabinet de Toilette au Canapé Rose.

Encore.

Encore.

Encore.

Tout lui sourit.

Joue-t-il au mikado que les fiches retombent en équilibre sur la pointe, tantôt en quinconce, tantôt en tortue, tantôt en cercle. Il lance et les fiches retombent sur la pointe.

Joue-t-il aux dominos qu'à chaque tirage la reine sort un scrabble et que belote, rebelote, dix de der et Uno qui font 421.

L'envie lui prend-elle d'ouvrir un livre que les pages tournent toutes seules sous ses yeux. D'ouvrir deux livres ? Dix ? Tout pareil. En écrire un ?  Un dictionnaire quitte son étagère et s'offre à lui,  il l'agite entre ses mains « Greli, grelo, combien j'ai d'sous dans mon sabot ! » alors toutes les lettres brassées, secouées, réveillées, s'épanouissent comme la fleur de l'onagre au soleil couchant et quand il ouvre le noble ouvrage à la couverture rouge... un brouillard de voyelles et de consonnes emplit l'air, se colle aux murs, aux portes, aux rideaux, au plafond, sur les armoires, les chaises. Le livre est là qui se lit de droite à gauche ou de gauche à droite (mais c'en est un autre) de haut en bas ou de bas en haut (c'en sont de différents à chaque fois).

Il est amour... il fait fondre les volcans et bouillir les glaciers... il est le lion et le moucheron... il ne dort jamais... il a vingt dixièmes à chaque œil, trente, mille... il ne se lave pas, il est la pureté... il ne mange pas, il se donne à manger... il ne boit pas, on le boit... il ne joue pas, il est l'essence du plaisir...  il ne lit pas, il est toutes les littératures... il n'écrit pas, la sueur qu'il laisse sous ses pas abreuve l'humanité... il n'ouvre pas un œil au réveil, il ne dort jamais... 

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12 avril 2019

Ce n'est pas avec un œuf comme celui-ci qu'on fera une grosse omelette

Tu te réveilles à 6 h 29. C'est le cadran qui le dit. Tu le crois. La place à côté de toi dans le lit est vide. Froide. Ton épouse s'est levée sans te déranger. Tu poses un pied par terre, l'autre, tu chausses tes lunettes, tu quittes la chambre. Sur le palier, la porte de la pièce où dorment les petits-enfants quand ils sont là. Ils ne sont pas là. La lumière du jour filtre précisément sous cette porte : ton épouse a ouvert les volets ! Tu la pousses ! Pas ton épouse, la porte ! Elle est là, en chemise de nuit, pieds nus et... elle joue à la poupée !

 

Elle joue à la poupée sur le bord du lit. Toi, la mâchoire te tombe. Tu la regardes, elle et les poupées alignées sur le lit. Tu t'attends à une explication, du genre « Ce n'est pas ce que tu penses ! » même si, contrairement à ce que colporte la légende familiale, il y a belle lurette que tu ne penses plus guère. Non, tu la regardes, bouche bée, et elle, rhabillant une peluche te lâche : « Quoi ? Je ne suis pas coiffée, c'est ça ? Je ressemble à un épouvantail ? » Tu balbuties : « Tu t'es levée pour jouer à la... poupée ? » Elle éclate de rire, comprend le quiproquo, le désamorce. Les petits-enfants arrivent dans deux jours ; hier, elle a lavé les petites robes des poupées, les salopettes des poupons, les culottes des Barbie, mis à la machine les peluches, les draps des berceaux, passé une lingette sur la frimousse des baigneurs, brossé les fausses fourrures en vrai synthétique... Elle n'avait plus sommeil. La lessive était sèche. CQFD !

 

Tout à l'heure, à la piscine, elle va raconter à ses amies ta mâchoire tombante, tes yeux hagards, ton look olympien pieds nus sur le parquet, ta calvitie de travers, tes jambes grêles et ton haut de pyjama flottant sur ton corps maigre, et c'est encore toi qui vas passer pour un guignol.

 

Il ne te viendrait jamais à l'idée, quand c'est à ta porte que frappe l'insomnie, de lessiver les petites voitures Majorette, d'inventorier les Playmobil ou de dépoussiérer une à une les mille bornes du jeu de cartes. Non, toi, quand l'insomnie est là, tu comptes les moutons, Monsieur Seguin. Tu comptes les moutons. Combien font 7 fois 8 ? 56 !

10 avril 2019

Trou noir

Résultat de recherche d'images pour "trou noir"

Un trou noir.

Pas une tour noire ?

Un trou. Noir.

L'actualité se réjouit de cette première photo (floue) d'un trou noir.

La photo aurait pu faire un four, elle court autour de la planète.

Un trou flou noir.

Oui, flou. C'est fou, ça.

Un trou fou noir ?

On ne joue pas aux échecs : ni fou blanc, ni noir, ni tour.

Quoique, à bien y regarder, ce trou noir, il n'aurait pas l'air de se foutre de nous ?

Vrai, personne (sauf moi ?) ne trouve qu'on dirait un smiley rigolard ?

Un trou noir flou, fou, qui s'fout d'nous.

Pot au noir. Je suis pris dans l'étroit trou noir et puis d'un coup, je réalise : Ce trou noir rigolard, fou et flou, surtout flou, c'est l'image de moi que j'ai dans le miroir de la salle de bain quand je me regarde sans mes lunettes (lui, en plus rigolard que moi quand même).

Le trou noir, c'est le reflet d'un papy du cosmos, qui a une correction de 3 dioptries et demie, sur les écrans des télescopes braqués sur lui.

 

Pourquoi se regarde-t-il, sans ses lunettes, dans le miroir de la salle de bains s'il n'y voit goutte ? Ça, c'est un mystère pour les générations futures. On a déjà attendu le 10 avril 2019 pour photographier un trou noir, on ne va pas déflorer toutes les énigmes du monde le même soir.

3 avril 2019

Matricule 314 159

J'ai les seins lourds. Lourds.

J'ai les seins lourds. Avance, Dorine.

Mes seins sont lourds.

J'avais un enfant. Il bougeait dans mon ventre.

Comme j'ai les seins lourds !

Ça me tire.

Un enfant ? J'avais un enfant ? J'ai les seins si lourds.

Avance, Dorine, c'est à toi.

Ne pousse pas, Diane. Chacune son tour.

Mes seins sont si lourds. Un enfant qui bougeait dans mon ventre. J'avais un enfant.

Ne pousse pas, Diane ! Tu as les seins lourds ? On a toutes les seins lourds.

J'avais un enfant. Il bougeait dans mon ventre. Mon ventre était lourd. J'avais un enfant.

Dorine est passée. À moi.

Ah que c'est bon, que c'est bon ! C'est boooon ! J'avais les seins si lourds. Aaaah, c'est bon !

Manger. Manger et puis me reposer. Manger. Aaaah, comme c'est bon ! J'avais les seins si lourds.

Manger et puis me reposer. Manger, manger, manger, manger. Tant pis si j'ai la diarrhée.

J'avais un enfant ? Il bougeait dans mon ventre. Ce n'étaient pas des coliques. Les coliques, ça ne bouge pas comme un enfant.

J'ai trop mangé, je vais m'allonger un peu et repenser à tout cela. Mes seins lourds, cet enfant que j'avais. Tiens, voilà Dinah. Ça va Dinah ? Pousse-toi un peu, Doria, laisse Dinah s'allonger à côté de moi. Ça va tes seins ? On se sent plus légère, non. Tu as mangé ? J'ai mangé, mangé, mangé, mangé, mangé. Mange ! La nourriture ne manque pas. Mange. Manger, c'est bon, hein ?

Tu portais un enfant, toi ? Moi, je portais un enfant, il bougeait dans mon ventre. Ce n'étaient pas des coliques. Depuis j'ai les seins qui gonflent. Ça me fait mal, ils deviennent si lourds mes seins. Je vais dormir. C'est bon, hein, de dormir après avoir mangé ? C'est bon. Dors, moi je dors déjà, je tombe de sommeil. Serre-toi près de moi ! Attention à mes seins !

Je ne tiens plus, je me lève, allongée ça m'écrase les seins, j'ai trop mal. J'y retourne. Mes seins sont si lourds. Tu viens Dinah ? On y va ensemble. La grosse Doria dort encore. Viens. J'ai les seins tellement lourds. Un enfant ? J'avais un enfant. Il bougeait dans mon ventre. Et toi Dinah. Pareil ? Il bougeait. Ça va tes seins ? Tu veux passer la première. Non ? Merci, tu es gentille, ils me font si mal.

Aaaaah que c'est bon, que c'est bon ! C'est boooon ! J'avais les seins si lourds ! Comme c'est boooon !

2 avril 2019

Nouvelles du front


front

1 avril 2019

À couper au couteau

On ne peut pas se tromper. Avant d'arriver à l'étang, c'est la première route à gauche. La première et la seule. Pas de confusion possible. Sur la droite ce n'est qu'une succession de pavillons individuels. La première. Un vieux mur couvert de lierre. Tu vois le vieux mur, Nicole ? Je sais que tu vois. Tu as l'œil pour repérer les végétaux. Un vieux noble lierre qui couvre un vieux mur de vieilles pierres roturières. Tu tournes à gauche AVANT l'étang. Tu longes le mur au lierre sur une centaine de mètres. C'est là. On ne peut pas se tromper.

 

Mais comment elle a fait pour se perdre ? On ne peut pas se tromper. Une seule route. Une seule sur la gauche. Avant l'étang. Elle a dépassé le mur au lierre, a longé l'étang (je lui avais dit AVANT l'étang), a filé vers la déchèterie, a dépassé la ferme des Jean, et là, j'imagine, elle a commencé à se poser des questions.

 

J'ai fait un demi-tour sur le parking de la coopérative, suis revenue sur mes pas, ai de nouveau longé l'étang puis j'ai tourné à droite en arrivant au vieux mur au lierre. Pas de quoi en faire une salade. À peine vingt minutes de retard.

 

Sur le coup, ça m'a surprise. Je suivais la voiture de Nicole. Elle n'a pas ralenti en approchant du vieux mur. Elle a filé tout droit. Je n'ai pas réfléchi plus, j'ai mis mon clignotant et j'ai tourné à gauche. J'ai appelé Pierrot pour lui dire que j'avais vu filer Nicole vers la déchèterie. « Elle est pas ouverte à cette heure ! » C'est tout ce qu'il a trouvé à dire, ce grand dépendeur d'andouilles.

 

On est quel jour, Maman ?

 

Quoi, quel jour ? Aujourd'hui ? Je ne sais pas. J'ai oublié ton anniversaire ? Tu es née en juillet ! Ne me raconte pas d'histoires, on sort tout juste de l'hiver. Tu crois que je perds la boule ? C'est ça, tu te dis que ta mère est folle ? Il y avait un brouillard à couper au couteau, ce matin. Je ne l'ai pas vue cette saloperie de mur.

 

Maman, il n'y avait pas de brouillard ce matin.

 Dans ma voiture, ma chérie, il y en avait. À couper au couteau... On est mardi 2 avril, là. Tu es rassurée. Mardi 2 avril. Tu veux aussi que je te donne le code de l'entrée ?

 

— Maman !

Oui, pardonne-moi ma chérie, je pensais encore à lui. Bien sûr. Je sais... ce n'était pas du brouillard. Ne dis rien... Je sais...

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